Psychisme ascensionnel by Étienne Klein

Auteur:Étienne Klein [Klein, Étienne]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Arthaud
Publié: 2020-11-15T00:00:00+00:00

Mon deuxième exemple est le résultat d’une accusation de plagiat qui m’a été adressée en 2016 par voie de presse. Cette affaire m’a évidemment amené à vivre des moments pénibles, mais, à ma grande surprise, elle a aussi été une expérience existentiellement passionnante. J’ai notamment compris tout ce que l’on peut ressentir lorsqu’on subit une attaque par voie de presse. Et comment pareil événement reconfigure vos relations personnelles. Croyez-moi, c’est presque aussi pédagogique sur la condition humaine que la lecture de La Comédie humaine de Balzac. Par la même occasion, je me suis découvert une force intérieure que je ne me connaissais pas et qui m’est devenue fort utile depuis. En définitive, cette aventure m’a recentré et fait du bien, alors même que la motivation des quelques individus qui ont organisé l’attaque était, vous l’imaginez bien, tout à fait autre…

Tout récemment, j’ai découvert qu’Émile Zola avait lui aussi été accusé de plagiat. Évidemment, et malheureusement pour moi, je n’ai pas su répliquer avec une verve comparable à la sienne. Il écrivit à propos du « monsieur » qui l’accusait : « Ah ! nuire pour le plaisir de nuire, baver sur une œuvre pour la joie de la souiller ! Se dire : “Toi, tu es illustre, tu te vends, tu m’embêtes ! Je vais te salir, et quelle danse de cannibales si tu en crevais !” […] Tel est le joli rôle du monsieur. Heureusement, si l’intention assassine y est bien, ce sont là blessures qui font la gloire et la santé des vaillants. Assassinez, assassinez, impuissants et envieux ! Cela nous tient en haleine et en joie12. »

Voilà une magnifique catabase sotériologique, ou je ne m’y connais pas ?

Comment, vous qui vous intéressez à la question du temps, de la longévité, envisagez-vous votre pratique de la montagne à l’avenir, notamment pour ce qui concerne ces sports d’épuisement comme le trail ?

Jusqu’à récemment, je ne m’étais jamais vraiment soucié de mon âge. Bien sûr, je sais depuis longtemps que je ne pourrais pas reproduire les chronos que je faisais en cross-country lorsque je n’avais qu’une trentaine d’années, mais je ne sentais pas directement les effets du temps qui passe à l’intérieur de moi-même. Je n’ai ni arthrose ni souci articulaire. Mais il y a deux ans, au moment de franchir la barre des soixante ans, j’ai eu un choc. J’ai pris conscience que, socialement, j’étais devenu vieux. Soixante ans, c’est en effet l’âge – horresco referens – où la SNCF vous propose une carte « senior » (« idéale pour les personnes âgées très actives » !), où vous passez en course à pied dans la catégorie « Vétéran 3 », et où vous croulez sous les courriers vous intimant de préparer votre retraite. Je n’avais rien vu venir… C’est comme si, ayant eu le même jeune âge pendant toute ma vie, j’avais tout d’un coup été remplacé par quelqu’un d’autre, par un vieux, sans aucun ménagement !

C’est ainsi que j’ai découvert – avec effroi, je dois le dire

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